Alors que plusieurs secteurs de la vie nationale demandent l’annulation des festivités du carnaval national, jugeant que le moment ne s’y prête pas, les autorités semblent faire la sourde oreille et poursuivent leurs intentions d’organiser l’événement comme si de rien n’était. Ce décalage entre les priorités gouvernementales et la réalité du terrain illustre une fois de plus l’abandon de la population face à la crise sécuritaire qui gangrène le pays.
Chaque jour, de nouveaux actes de barbarie sont commis par des gangs armés qui dictent leur loi en toute impunité. Des familles sont chassées de chez elles, des innocents assassinés, des femmes et des jeunes filles violées. Face à cela, le CPT ainsi que le gouvernement se contentent de condamner et de dénoncer, sans jamais prendre de mesures concrètes pour restaurer l’ordre et assurer la sécurité des citoyens. De Jovenel Moïse à Ariel Henry, en passant par le CPT de neuf membres et Garry Conille jusqu’à Alix Didier Fils-Aimé, les promesses se succèdent, mais la réalité demeure inchangée : l’état démissionne face à ses responsabilités.
La population haïtienne est livrée à elle-même. Chaque quartier est devenu une cible potentielle pour ces groupes criminels qui n’hésitent pas à attaquer en plein jour. Les forces de l’ordre, démunies et mal équipées, sont souvent contraintes de battre en retraite, laissant le champ libre aux malfaiteurs. L’horreur atteint des sommets avec des actes d’une cruauté inouïe, comme le récent drame survenu à Kenscoff, où un nourrisson de deux mois a été arraché des bras de sa mère et jeté vivant dans le feu par des bandits. Sa mère, sous le choc est, quant à elle, décédée quelques jours plus tard.
Face à ces atrocités, la question se pose : où sont passés les leaders politiques et les figures de la société civile qui, jadis, se dressaient contre toute forme d’oppression ? Aujourd’hui, c’est le silence et la peur qui règnent. Les élites politiques, économiques et intellectuelles semblent davantage préoccupées par la préservation de leurs intérêts que par le sort de la nation. Ceux qui, sous le gouvernement de Jovenel Moïse, critiquaient la moindre dérive, se terrent désormais dans un silence complice et assourdissant, incapables d’affronter la réalité.
Pour l’instant, seules certaines zones comme Pétion-Ville et Delmas échappent encore au contrôle total des gangs. Mais pour combien de temps ? L’expansion de ces groupes criminels est fulgurante, et l’inaction des autorités ne fait qu’aggraver la situation. Pourquoi ne prennent-elles pas les mesures nécessaires pour couper les circuits d’approvisionnement en armes et en munitions de ces criminels ? Pourquoi n’octroient-elles pas les ressources indispensables à la police pour lutter efficacement contre cette menace grandissante ?
La sécurité d’un peuple n’a pas de prix. Il est grand temps que la société haïtienne se lève pour exiger de ces autorités qui sont payées pour faire leur travail, des actions concrètes. L’impunité et l’incompétence ne peuvent plus être tolérées. Si aucune mesure forte n’est prise rapidement, le pays continuera de sombrer dans un chaos dont il sera de plus en plus difficile de sortir.
Raphael BELIZAIRE
belizaire30@yahoo.fr
ZUNRL JIXDPE yrvrxYP