Le Ministre de la Justice d’Haïti, Me. Carlos Hercule, a annoncé le Mardi 27 Août 2024 sur les ondes de la station de Radio haïtienne ‘’Magik 9’’ que le Gouvernement d’Haïti a écrit à ses homologues des USA, de la République Dominicaine, du Royaume-Uni et du Canada, leur demandant de lui communiquer les charges et indices contre les personnalités haïtiennes sanctionnées par eux pour causes de corruption, de crime de lèse-humanité, de blanchiment d’argent et de financement des gangs armés en Haïti. La France ne fait pas partie des destinataires, car l’ex-ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauriès, avait annoncé que la France attendait les décisions de l’ONU et de l’Union Européenne pour agir, bien que de grandes personnalités aient déjà vu leurs visas Schengen annulés.
Pour tous ceux qui suivent l’actualité politique haïtienne depuis quelques années, il s’agit là d’une annonce étrange et suspecte. Et ce pour plusieurs raisons :
1.- Une pareille correspondance avait déjà été adressée aux mêmes fins à ces ‘’puissances sanctionnantes’’ depuis le 30 Novembre 2022 par le Chancelier haïtien Jean Victor Généus. Voir le fac-similé suivant :

2.- L’actuel Garde des Sceaux de la République d’Haïti ne serait-il pas informé de cet acte administratif et diplomatique aussi important de ses prédécesseurs ? S’il l’ignorait, il s’agirait d’une négligence administrative grave, impardonnable qui exige que des têtes tombent, pour avoir fait d’Haïti la risée du Monde. Dans le cas contraire, on est droit de se questionner sur ce ‘’bis repetita’’, devenant ainsi une démarche suspecte.
3.- La correspondance susmentionnée est restée jusqu’à présent sans réponses, soit une durée deux ans ! En Droit, ce comportement peut s’interpréter comme une ‘’fin de non-recevoir’’ par les ‘’puissances sanctionnantes’’ jugeant irrecevable la demande des autorités haïtiennes.
4.- Ces puissances sanctionnantes, devant leur refus de coopérer avec les autorités haïtiennes, ou leur incapacité à fournir des preuves en bonne et due forme, laissaient croire qu’on était en face, soit de sanctions infondées, soit de dénonciations calomnieuses et de machinations politiques.
LE CAS SPECIFIQUE DU GOUVERNEMENT CANADIEN :
On ne sait pas trop pourquoi, depuis quelques décennies les dirigeants canadiens s’amusent à faire s’éroder le respect, la confiance, l’amour et la fraternité dont leur pays jouissait dans le cœur des citoyens Haïtiens. En l’année 1999, le commissaire de police de la commune de Port-au-Prince, Jean Colls Rameau, était accusé d’exécuter six présumés bandits arrêtés à Carrefour-Feuilles. Refugié en République Dominicaine pour échapper aux poursuites légales, il avait été extradé, jugé et condamné par les autorités judiciaires haïtiennes. Preuve que l’administration Préval-Alexis n’avait, nullement, cautionné les actes répréhensibles et inhumains dudit Commissaire de Police.
Or, ne voilà-t-il pas que quelques années plus tard, le Premier Alexis allait se faire dire à l’Aéroport international de Port-au-Prince qu’il était interdit de séjour au Canada, pour son implication dans un crime de lèse-humanité. Ces mêmes restrictions se sont étendues à d’autres personnalités politiques et notamment à Philippe Rouzier, conseiller économique au cabinet du Premier Ministre Alexis et Aramic Louis en son statut de Directeur départemental de l’Ouest de la PNH. Ironie de l’histoire celui-là même qui était allé recevoir l’extradé à la frontière haitiano-dominicaine et l’incarcérer au pénitencier national. Le Canada jouissait de trop de respect en Haïti pour n’avoir pas su rester à l’écart de ces histoires rocambolesques…
L’attitude des actuelles autorités canadiennes s’avère d’autant plus préoccupante que le Canada en d’autres circonstances, était l’un des rares pays de la région à avoir accueilli sur son territoire les principaux tortionnaires des Régimes Duvalier. Les Roger Lafontant, Jean Marie Chanoine et consorts, n’étaient-ils pas reçus les bras ouverts au Canada nonobstant les nombreux crimes, les criantes violations des droits humains et les tortures inhumaines et dégradantes infligées aux prisonniers politiques, par le gouvernement auquel ils appartiennent. Ah Oui ! Ils étaient des résidents reçus au Canada et des citoyens canadiens. Ils jouissaient, en conséquence, du droit de commettre des crimes politiques dans leurs pays d’origine et de venir se la couler douce, sans aucune inquiétude, au Canada leur pays d’accueil.
Le Canada, en agissant de la sorte, a fait un usage abusif de la Résolution #2653 du 21 Octobre 2022 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le Canada, comme toute autre nation, jouit du droit souverain d’interdire l’accès à son territoire et d’utiliser les services de ses institutions financières et bancaires, à tout ressortissant d’une autre nation. Là prennent fin ses prérogatives contre les ressortissants des autres Nations. Rien ne lui confère de droit de s’ériger en juridiction de jugement contre aucun citoyen haïtien se trouvant hors de son territoire et n’y ayant commis aucun crime.
Ainsi, les sanctions que les autorités canadiennes ont annoncées contre les personnalités haïtiennes, sans indices probants et preuves irréfutables sont des violations caractérisées des droits légitimes et de la présomption d’innocence reconnue à tout personne accusée d’un crime ou d’un délit.
Elles ne pourront, en aucun cas, affecter ou préjudicier la pleine jouissance par ces dernières de leurs droits civils et politiques garantis par la Constitution haïtienne.
LE MINISTRE HERCULE MET EN DANGER LE PREMIER MINISTRE GARY CONILLE
<< Qui a fou, fou-ra. >>, dit un proverbe humoristique haïtien ; en d’autres termes : << La folie ne se traite pas définitivement. >>. Que de boomerangs n’a-t-on pas vu dans ce pays ! Carlos Hercule semble avoir oublié que le Gary Conille avait été, lui aussi, indexé dans le scandale de détournement des fonds Petro Caribe et des équipements du CNE. Le fait qu’il soit devenu Premier Ministre et faiseur de roi, est-il, pour autant, au-dessus de tout soupçon ? Qui sait ce qu’on ne fera pas contre lui demain ? De plus, Carlos Hercule n’est pas sans savoir que deux chefs de partis politiques, ayant endossé sa nomination comme Ministre de la Justice avec leur représentant au CPT, font partie des presque 50 personnalités haïtiennes sanctionnées par les autorités dominicaines ; sans parler des scandales de corruption au sein des missions diplomatiques.
Ce qu’il faut retenir de ces sanctions, c’est qu’aux yeux de certaines puissances étrangères, aucun Haïtien insoumis ou indépendant, n’est digne de diriger le pays.
Les sanctions unilatérales, injustes, sans indices et sans preuves convaincants, décidées par certaines d’entre elles, n’ont d’autres objectifs que de barrer la route à certains hommes politiques. C’est un procédé vil utilisé pour assassiner leur caractère et plus particulièrement ceux qu’ils ne pas portent pas dans leur coeur. Ainsi, tout éventuel candidat aspirant au pouvoir politique, est condamné à traîner un dossier politico-judiciaire comme un boulet de galère, soit pour l’empêcher d’y parvenir, soit pour être mené à hue et à dia, quand il y sera parvenu !
EN GUISE DE CONCLUSION :
Il est évident que de nombreux compatriotes ayant les plus hautes charges de l’Etat au cours des dernières années, ont eu des comportements répréhensibles Mais, cela n’autorise nullement un pays étranger, qu’il soit grand ou petit, à les avilir, sans preuve, au gré de leurs intérêts mesquins et malsains.
La défense est un droit sacré protégé par des prescrits légaux, constitutionnels et conventionnels ou même des principes généraux du droit, comme le principe d’équité. L’état de droit est un état de justice. Il revient aux autorités canadiennes l’obligation de justifier, avec des preuves solides et palpables et en dehors de tout doute, les accusations portées contre telle ou telle personnalité haïtienne. Le fardeau de la preuve justifiant les sanctions annoncées, leur incombe.
Depuis le Traité de Westphalie de 1648, la société internationale a fait siens le Principe de l’égalité juridique des Etats et son corollaire, le principe de réciprocité diplomatique. Des sanctions des autorités d’un pays étranger contre les ressortissants d’un autre ne peuvent nullement empêcher à ces derniers d’être candidats à des postes électifs ou nominatifs dans leurs pays. Est-ce que des sanctions émanant des autorités haïtiennes, par exemple, contre Donald Trump ou Luis Abinader pourraient entraver leur candidature aux élections présidentielles de leur pays. Ce serait de bonne guerre, car, un Donald Trump qui déjà avait traité Haïti de ‘’shit hole’’ (trou de merde ou latrine) redevenu Président équivaudrait presque aux expulsions massives de centaines de milliers d’immigrants haïtiens et expéditeurs de transfert sans contrepartie, établis aux USA !…
Terminons pour dire :
1.- Jean Racine.
2.- << Certains hommes sont sans but logique ; on ne peut les raisonner ; ils veulent juste voir le monde brûler. >>, Le Chevalier Noir.
Giraud François
Descendant du Général de Division Jean-Louis François, commandan